Lettre ouverte à Nicolas Dainville, Conseiller municipal d'opposition à La Verrière.
Cher
Nicolas Dainville,
Le
poète Louis Aragon le dit de notre immémoriale et donc
indémodable France : « Je vois Jeanne filer Roland sonner le
cor » ; or depuis plusieurs jours je t'entends trompeter
contre deux enseignants de ma ville qui auraient arrêtés Lorant
Deutsch à Trappes comme Saladin reprit Jérusalem aux croisés !
Ciel !
Dois-je à mon tour adopter le genre épique pour te dire que
non-seulement je les en félicites et qu'en plus je donne raison à
la conception de l'histoire qu'ils défendent ? Je les cites :
« l’Histoire
n’a pas pour but de faire aimer la France, c’est une science qui
permet de comprendre le passé par une étude critique et
dépassionnée. »
Pourquoi
te permettre donc de les accuser de produire de l’idéologie alors
qu'ils s'opposent à une histoire de bateleur, de tréteau, de
supermarché et de droit d'auteur ?
En
effet, je ne t'imagine guère expliquer à tes propres enfants, en
suivant les pas de Péguy et des pèlerins qui mènent à Notre Dame
de Chartres, que le style gothique est un art des Goths comme le
soutient Lorant Deutsch dans son Métronome ! La République est
enseignante quand elle place sa confiance dans la science, laquelle
est portée par le savoir et sa liberté pour rendre aux Goths ce qui
est aux Goths et à l'art français ce qui est à l'art français !
Cette même science qui a fait dire à l'érudit Pierre Chaunu que
« Les historiens ne prévoient à coup sûr que le passé. »
Nos
deux enseignants de Trappes le savent sûrement qui eux marchent dans
les pas de ceux qui se sont déjà élevés avec succès devant
Deutsch ! Après les avoir ci-devant félicités je ne peux que
les remercier de leur détermination. Car en tant qu'élu de Trappes
affilié à un groupe municipal de droite, mon devoir est de défendre
le meilleur pour les enfants de ma ville. J'en trouve une réalité
tangible, quand des enseignants se dressent au nom de la science,
contre un auteur qui voudrait faire cas d'une connaissance historique
sans même en respecter dans ses ouvrages la moindre règle
scientifique.
Au
fond, cher Nicolas Dainville, tu ne semble pas reconnaître de
qualité scientifique à l'histoire. Pourtant cette science permet
bien des méditations. Je pense aux fameux mot du général Cambronne
à Waterloo que je te laisse replacer dans la dimension
légendaire des Misérables de Victor Hugo : « Merde ! »
Bien
sincèrement.
Stéphane
Dumouchy,
Conseiller
municipal d'opposition « Trappes-Citoyens »