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vendredi 19 octobre 2018

La soirée des réussites

1382. C'est le nombre de caractères que la municipalité autorise, dans le magazine municipal, au groupe Trappes Citoyens. Je reprend ce format pour donner à ce blog une série de 12 billets sur Trappes, ses habitants et sa municipalité. Voici le premier billet.



Trappes n'est pas une ville de roman. A peine est-elle mentionnée dans Kiffe kiffe demain qui a fait le succès de Faïza Guène à 19 ans. Pour mémoire, ce roman narrait en 2004 les états d’âme d'une Doria de 15 ans vivant seule avec sa mère à Livry-Gargan en Seine-Saint-Denis. Avec humour, il portait le témoignage de banlieues optimistes mais lucides devant les limites de l'espoir. Car dans la vie « ça ne se passe pas comme à Carrefour : y a pas de service après-vente. »
Cela frappe, les jeunes de Trappes partis sur le front irako-syrien, au profit de Daesh, sont comme Doria issus de la Génération Y. Contrairement à l'héroïne, ils auraient manqué de clairvoyance en revendiquant eux un « service après-vente ». Faïza Guène le fait dire à Doria : « c'est horrible de se dire qu'à force de subir on peut s'habituer à tout, et particulièrement au pire. » Le pire est arrivé : proportionnellement à sa population Trappes détient le record européen de départ pour le « djihad ». Pendant ce temps, la municipalité célèbre de jeunes « méritants » à La soirée des réussites. Face à la tragédie, elle pense qu'avec le temps, beaucoup de choses changent. Pour les naufragés cette politique a tout l'air d'un roman. Il commence par ces mots de Doria sur sa psychologue : « Parfois je me dis qu'elle aurait du faire proverbe chinois comme métier. » Est-ce celui de la municipalité ?