Claude
Dilain a été sénateur de
la Seine-Saint-Denis et
maire de Clichy-sous-Bois.
Lors
des violences
urbaines de 2005,
il arpente nuit et jour les cités aux côtés des associatifs, pour
être avec les habitants et apaiser. Meurtri par cette flambée de
violences mais autant par les réactions conservatrices de ses
collègues de tous bords sur les populations reléguées, il avait
plaidé pour que « la République ne verse pas de larmes de
crocodiles » mais ouvre les yeux sur la réalité sociale des
territoires relégués.
En
2010, il s'élève avec fracas dans Le
Monde le 10 avril 2010 en
déclarant avoir « j'ai honte d'être le représentant
impuissant de la République française ». Il s'insurge en
affirmant que « la politique de la ville, si elle n'est
pas défendue au plus haut niveau de l’État par un premier
ministre capable de mobiliser tous les ministères, ne peut résoudre
les problèmes des banlieues les plus difficiles, quelle que soit la
volonté affichée par les ministres ou secrétaires d’État
successifs. » en détaillant les problèmes des
copropriétés en déshérence, la détresse des habitants et
l'incapacité d'une mairie seule à y répondre.
Il poursuit cette action déterminée au Sénat avec la remise en
2013 d'un rapport sur les copropriétés privées à la ministre du
Logement Cécile
Duflot et
en étant co-rapporteur de la loi
ALUR.
En mars 2014, il est nommé président de l'Agence
nationale de l'habitat (ANAH).
Il
est victime d'un malaise fin février et décède
le 3 mars 2015 après
plusieurs jours de coma. Le président du Sénat Gérard
Larcher salue
en lui « un pourfendeur des inégalités territoriales et une
grande figure de la politique de la Ville ». Un hommage public
lui est rendu dans sa ville le 7 mars par le Président de la
République François Hollande.
Je
rapporte ci-dessous un entretien de Claude Dilain réalisé en 2012 pour le
site Métropolitiques sur le thème de la ville équitable. Ces
propos prennent à mon sens toute la force du pragmatisme.
En effet, Claude Dilain est élu maire en 1995 d'une ville très endettée - comme Trappes - et
parmi les plus pauvres de France. Il réussit à équilibrer le
budget et met en place une stratégie de désendettement de la ville,
qui est classé A1 en 2006 par l'agence
de notation Moody's : « On
parle beaucoup des villes de banlieue et de manière implicite on
sous-entend qu'elles sont mal gérées, dit-il. On a voulu démontrer
qu'on peut être une ville pauvre et de pauvres et être très bien
gérée. ». En 2010, la note progresse à Aa3 : « Nous
faisons un maximum d'économies sur le fonctionnement pour pouvoir
faire des investissements sans trop emprunter. On s'était fixé de
ne pas emprunter plus que la moitié de ce qu'on remboursait. [Cette
note] nous permet d'emprunter plus facilement avec des taux d'intérêt
plus faibles. »
Contre le gaspillage budgétaire préconisé à Trappes voilà de quoi, sans
doute, nourrir notre réflexion de contribuables et de concitoyens.
Les vidéos de l'entretien :
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