L’Observatoire
national des zones urbaines sensibles (ONZUS) devient en 2015
l’Observatoire National de la Politique de la Ville (ONPV). Le 6
mai dernier, il remettait son dernier rapport annuel sur la situation des quartiers et de leurs habitants bénéficiant des
dispositifs de la politique de la ville. Un rapport qui révèle
une réalité économique et sociale difficile.
Pauvreté :
Les
différents indicateurs concernant la pauvreté mettent en lumière
l’écart qui continue de se creuser entre les zones urbaines
sensibles (Zus) et le reste du territoire. La part des personnes
vivant sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 987
€ par mois, y est trois fois plus élevée qu’ailleurs. Les
jeunes restent les plus vulnérables. Plus d’un tiers des moins de
18 ans bénéficie de la couverture maladie universelle
complémentaire (CMUC) et 1 jeune sur 2 de 18-24 ans vit sous le
seuil de pauvreté.
Emploi :
Plus
de 48 000 contrats uniques d’insertion et 12 000 emplois d’avenir
ont été créés dans les zones urbaines sensibles depuis leur
entrée en vigueur.
Cependant,
le taux de chômage reste 2,5 fois supérieur en ZUS (23%) qu’en
dehors (9%), et le taux d’activité (part d’actifs dans la
population totale) plus de 10 points inférieur dans ces quartiers.
Les jeunes, les femmes, les personnes ayant un faible niveau d’étude
et les immigrés sont les personnes qui rencontrent le plus de
difficultés.
Autre
constat : l’obtention d’un diplôme d’enseignement
supérieur favorise l’accès à l’emploi et atténue fortement
les effets de la crise économique, même s’il ne constitue pas un
élément suffisamment protecteur, notamment pour les femmes, les
jeunes et les immigrés. A niveau de diplôme équivalent, il
subsiste des écarts significatifs de taux d’emploi entre les Zus
et les unités urbaines environnantes. Ces résultats peuvent
s’expliquer par un double phénomène : d’un côté des
employeurs qui méconnaissent les compétences réelles des
postulants résidant en Zus et de l’autre, les habitants qui
souffrent d’un manque d’information face aux réalités du marché
du travail.
Orientation
scolaire :
Les
lycéens issus de collèges en Zus s’orientent deux ans après la
3e beaucoup moins vers une filière générale en 1re (27,1 %)
que ceux issus de collèges en dehors des Zus (40,4 %). Ainsi, à
peine plus du quart des collégiens scolarisés en Zus s’orientent
vers une filière générale en 1re. C’est notamment sur la filière
scientifique que se trouvent les plus grands écarts d’orientation
(8,2 points). À l’inverse, la filière professionnelle est plus
suivie par les lycéens issus d’un collège en Zus que ceux d’un
collège hors Zus.
Santé :
Si
plus de la moitié des habitants des quartiers prioritaires déclare
être « en bonne », voire « très bonne santé »,
quelques indicateurs dessinent une autre réalité. Les problèmes de
surpoids et d’obésité sont plus fréquents (+ 6,3 points pour le
surpoids et + 3,1 points pour l’obésité), notamment chez les
femmes. Les adultes renoncent plus souvent aux soins et ont moins
recours aux médecins spécialistes. Plus d’un habitant sur quatre
a renoncé à des soins dentaires pour des raisons financières au
cours de l’année écoulée. Cette situation s’explique par des
contraintes financières mais également par un déficit de l’offre
médicale et paramédicale (délais de rendez-vous trop longs,
difficultés d’accès, temps de trajets trop longs…). Autre
enseignement : plus d’un résident de ZUS sur 10 (12,4 %)
n’a pas de couverture maladie complémentaire (contre 6,1% dans le
reste de la population). Le phénomène est sensible chez les hommes
comme chez les femmes.
Conclusion :
Le
rapport de l’ONZUS confirme l’urgence qu’il y a d’agir plus
vite et plus fort dans ces quartiers, en matière d’emploi,
d’éducation, d’accès aux soins… Il est à la fois un
outil de connaissance et un cri d’alerte.
Pourtant,
le
rapport 2014 est le dernier publié par l’ONZUS.
Le
21 février 2014, la loi de programmation pour la ville et la
cohésion urbaine a en effet dessiné une nouvelle géographie des
quartiers prioritaires, plus resserrée. Environ 1 500 quartiers
prioritaires (1 300 en métropole et 200 dans les DOM-COM) ont été
définis sur un critère unique, la concentration de la pauvreté
calculée à partir du revenu des habitants.
L’Observatoire
national de la politique de la ville (ONPV) mesurera désormais
l’évolution des inégalités et des écarts de développement au
sein des unités urbaines, et évaluera les politiques publiques
mises en place pour y répondre.Il
lui reviendra d’exécuter, chaque année, un rapport détaillé sur
l’évolution de la situation dans ces quartiers.
Onzus - Rapport 2014 (PDF – 8 Mo)
Onzus - Synthèse du rapport 2014 (PDF – 1.2 Mo)
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