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mardi 30 juin 2015

« Comment se fait-il que la France soit aussi régulièrement frappée par le terrorisme ? » – Sebastian Roché

Le sociologue Sebastian Roché est Directeur de recherche au CNRS, pacte-Institut d'Etudes Politiques de Grenoble, responsable du pôle sécurité et société, enseignant à l'Ecole Nationale Supérieure de la Police. Dans un billet publié sur son blog, il revient sur l'attentat du 26 juin qui a frappé une usine de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) et fait une victime. Il pointe la pénible coordination des services de renseignement et de police, ainsi que l’absence de prise en compte des phénomènes politiques et sociaux dans la motivation des terroristes.


vendredi 19 juin 2015

L’équité urbaine : un choix politique

Claude Dilain a été sénateur de la Seine-Saint-Denis et maire de Clichy-sous-Bois.

Lors des violences urbaines de 2005, il arpente nuit et jour les cités aux côtés des associatifs, pour être avec les habitants et apaiser. Meurtri par cette flambée de violences mais autant par les réactions conservatrices de ses collègues de tous bords sur les populations reléguées, il avait plaidé pour que « la République ne verse pas de larmes de crocodiles » mais ouvre les yeux sur la réalité sociale des territoires relégués.

En 2010, il s'élève avec fracas dans Le Monde le 10 avril 2010 en déclarant avoir « j'ai honte d'être le représentant impuissant de la République française ». Il s'insurge en affirmant que « la politique de la ville, si elle n'est pas défendue au plus haut niveau de l’État par un premier ministre capable de mobiliser tous les ministères, ne peut résoudre les problèmes des banlieues les plus difficiles, quelle que soit la volonté affichée par les ministres ou secrétaires d’État successifs. » en détaillant les problèmes des copropriétés en déshérence, la détresse des habitants et l'incapacité d'une mairie seule à y répondre. Il poursuit cette action déterminée au Sénat avec la remise en 2013 d'un rapport sur les copropriétés privées à la ministre du Logement Cécile Duflot et en étant co-rapporteur de la loi ALUR. En mars 2014, il est nommé président de l'Agence nationale de l'habitat (ANAH).

Il est victime d'un malaise fin février et décède le 3 mars 2015 après plusieurs jours de coma. Le président du Sénat Gérard Larcher salue en lui « un pourfendeur des inégalités territoriales et une grande figure de la politique de la Ville ». Un hommage public lui est rendu dans sa ville le 7 mars par le Président de la République François Hollande.

Je rapporte ci-dessous un entretien de Claude Dilain réalisé en 2012 pour le site Métropolitiques sur le thème de la ville équitable. Ces propos prennent à mon sens toute la force du pragmatisme.

En effet, Claude Dilain est élu maire en 1995 d'une ville très endettée - comme Trappes - et parmi les plus pauvres de France. Il réussit à équilibrer le budget et met en place une stratégie de désendettement de la ville, qui est classé A1 en 2006 par l'agence de notation Moody's : « On parle beaucoup des villes de banlieue et de manière implicite on sous-entend qu'elles sont mal gérées, dit-il. On a voulu démontrer qu'on peut être une ville pauvre et de pauvres et être très bien gérée. ». En 2010, la note progresse à Aa3 : « Nous faisons un maximum d'économies sur le fonctionnement pour pouvoir faire des investissements sans trop emprunter. On s'était fixé de ne pas emprunter plus que la moitié de ce qu'on remboursait. [Cette note] nous permet d'emprunter plus facilement avec des taux d'intérêt plus faibles. »


Contre le gaspillage budgétaire préconisé à Trappes voilà de quoi, sans doute, nourrir notre réflexion de contribuables et de concitoyens.


Les vidéos de l'entretien :