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vendredi 26 juin 2020

La République attentive (mars 2014).




Je me souviens de cette concitoyenne que le ministre Valls tançait devant les caméras de télévision. C'était à Trappes en juillet 2013. Nous assistions à un triste spectacle : un ministre socialiste envoyait au diable la meilleure tradition démocratique. Je parle de cette tradition où l'on reconnaît que la parole du premier venu contient toujours une part de vérité. La parole de notre concitoyenne ne contenait-elle pas cette part de vérité ? Ne rappelait-elle pas ce que l'actuel gouvernement doit aux Trappistes ?

En me remémorant cet incident, je pense à ce mot de Sacha Guitry qui, sûrement, parle à notre président de la République : « Être fidèle, c'est, bien souvent, enchaîner l'autre ». Les partis de gauche prétendent-ils s'enchaîner aux électeurs de Trappes pour gagner les élections ? Le président de la République a pourtant libéré les Trappistes. Je suis tenté de dire qu'il ne l'a pas fait par  Closer : il l'a fait par le manque de pugnacité de son gouvernement !

Le Parti communiste ne se prive pas de critiquer la politique économique du Gouvernement. Ils la qualifient  de « politique de droite ». Au Parti socialiste on ne fait pas mieux. Son aile gauche grogne vertement contre le « Pacte de responsabilité ». A l'occasion des municipales, tout est fait pour dissimuler ces dissensions. Ces deux partis politiques y ont intérêt. Le Parti socialiste ne peut pas se permettre d’amoindrir la crédibilité que lui laisse son statut sympathique de parti de « gauche ». Le Parti communiste nourrit l'espoir de conserver des mandats locaux qu'il ne peut gagner qu'avec l’habile connivence du Parti socialiste.

Cette connivence est habile mais trompeuse. Elle profite de l'habitude irréfléchie qui consiste à donner le Parti socialiste pour la gauche et à donner de la gauche au Parti socialiste. Elle équivaut à faire le jeu du « ni gauche, ni droite » au niveau national comme au niveau local. Sommes-nous alors engagés vers l'inexorable ? Les citoyens de ce pays sont-ils invités à confier les affaires publiques à ceux qui contestent le clivage gauche-droite ? Je parle bien sûr du Front national. Contre le Front national le courant dominant à gauche se borne à « scruter tous les « dérapages » des forces conservatrices afin de pouvoir les accuser de « faire le jeu de l'extrême droite » ». Pourtant, cette tactique « équivaut à accepter que [l'extrême droite] devienne peu à peu maître du jeu », comme le souligne l'excellent Serge Halimi.

Benoît Hamon, dont je fut partisan, au Parti socialiste, de ses courants « Nouveau parti socialiste » puis « Un monde d'avance », peut-il contredire cette analyse ? Je me souviens de son livre de 2011, « Tourner la page. Reprenons la marche du progrès social ». Il y emploie une formule dans laquelle je reconnais mon engagement syndical : le « dilemme de la gauche : combattre ou trahir ». Son gouvernement ne combat pas. La municipalité sortante qu'il a rejoint préfère, depuis son accession à la majorité municipale en 2001, la promotion immobilière à la promotion sociale des habitants.

Cela ne doit pas être un obstacle pour Benoît Hamon. Pour cet animateur de l'aile gauche du Parti socialiste, la rupture est toujours remise au lendemain. Une fois que lui sera retirée sa fonction gouvernementale, il retrouvera sa place à l'Assemblée nationale au côté de ses autres camarades socialistes...

Prenez y garde ! Les dirigeants socialistes et apparentés de ce pays n'ont pas la force de dresser le constat de Barack Hussein Obama. Pour le président démocrate des États-Unis d'Amérique « l'inégalité constitue le problème-clé de notre époque ». Que faire quand, comme moi, on est un sympathisant de gauche ? Soutenir la gauche comme on soutient une équipe de sport plutôt qu'une autre ? Se mettre en retrait de la vie municipale comme je le fais depuis 2008 ? Trappes, notre « petite patrie », présente tous les symptômes d'une ville malade de ses dirigeants socialistes et apparentés ; devant ce constat cruel j'ai rejoint, dans une démocratie qui évolue sous la loi suprême du suffrage universel, la liste conduite par Othman Nasrou.

Certes, Othman Nasrou est soutenu par l'UMP, l'UDI et le Modem mais, à tout le moins, son appartenance à aucune de ces formations politiques garantit-elle aux électeurs de Trappes de ne plus être considéré comme la « chair à canon » électorale d'une gauche qui ne sait plus où elle habite. Sereinement, Othman Nasrou m' encourage à réclamer une République attentive à nos difficultés de Trappistes par la définition de mesures sociales, éducatives, juridiques, fiscales et économiques qu'avec mon complice, Kamal Benmarouf, j'ai âprement discutées.

Sans doute savons-nous que les habitants de Trappes empruntent chaque jour la rue qui porte le nom de Jean Jaurès. Cette figure tutélaire de la République appartient à toutes celles et à tous ceux qui estiment qu'elle a encore quelque chose à nous dire. En cette « année Jaurès », j'ai rejoins la liste d'Othman Nasrou avec en tête la parole du grand homme : « La méthode essentielle du prolétariat doit être celle [qu'avait] esquissée [le marxisme] : la méthode complexe d'une classe à la fois très vivante et très âpre qui se mêle à tous les mouvements pour les ramener sans cesse à sa propre fin ». Avec l'opposition formée par Othman Nasrou, je veux croire que la politique municipale sera ramenée au propre intérêt des Trappistes, de tous les Trappistes.

(source : Trappes de ma fenêtre)

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